Les rêves s'étiolent et le temps qui passe amenuise les possibles_
choops
Venez, je vous emmène {Mdp invité : Parapluie}
Mercredi 6 janvier 2010 à 22:27
Le CieL a même un autre écLAt depuis Toi
Mardi 5 janvier 2010 à 23:28
En deux mille neuf j'ai rencontré Camille en vrai de vrai, j'ai manifesté et je me suis fait lacrymogénéisé la tronche, j'y ai cru, j'ai eu peur devant la bêtise des gens, j'ai croisé beaucoup trop de CRS, j'ai passé des journées entières à tracter parce que j'y croyais, j'ai commencé le théâtre et j'ai arrêté, j'ai commencé le basket, j'ai lu la Princesse de Clèves dans la rue, j'ai expliqué à des journalistes et à des jeunes parents le pourquoi du comment de tout ça, j'ai revu Camille, je me suis fait contrôler cent mille fois devant chez moi pendant le sommet de l'OTAN, j'aurais pu voir Obama si j'avais fait partie des jeunesdel'ump (ahahah), j'ai rencontré des gens géniaux, j'ai passé un deuxième semestre affreusement difficile psychologiquement parlant, je me suis dit que "vraiment, grandir, ça craint", j'ai fêté mon anniversaire dans un parc et c'était chouette, je suis tombée amoureuse du plus compliqué des garçons et ça n'a évidemment pas marché, j'ai revu Erik Orsenna et Amélie Nothomb, j'ai perdu des gens que je n'aurais jamais voulu perdre mais Marie est restée et c'est le principal, j'ai voté pour la première fois et je n'ai pas aimé ça, Delphine est venue partager quelques jours ma vie strasbourgeoise, je me suis occupée quatre soirs par semaine de merveilleux loupiots de six ans, j'ai compris qu'il fallait que j'arrête d'attendre l'impossible, mon petit frère a eu seize ans et ça m'a mis une sacré claque dans la tronche, j'ai vu Babylon Circus, The Wampas, DubInc, La Rue Kétanou, Ska-P, Les Ogres de Barback, Olivia Ruiz, Karpatt, Florent Vintrigner, les Weepers Circus une bonne centaine de fois, Marcel et son Orchestre, Pep's, Asian Dub Fondation, Cold War Kids, Puppetmastaz,... j'ai retrouvé Nicolas, j'ai passé des nuits entières dans la rue, je ne crois plus à l'anarchie, j'ai bu comme jamais, j'ai vu mes amis grandir et je ne les ai pas suivi parce que décidemment c'est pas une chose pour moi, je suis allée à Berlin, à Prague, à Lyon avec ma Fée, à Paris, à Dijon, à Chalon et à Lille, j'ai dormi dans les bras d'un dreadeux, j'ai découvert des surprises de folie dans ma boîte-aux-lettres, j'ai dévoré chaque saison de Scrubs, j'ai rencontré un magicien qui me fait entrer à ses concerts à l'oeil, j'ai regretté la prépa, j'ai espéré, j'ai eu ma deuxième année avec mention bien, j'ai vu Harvey Milk les Noces rebelles et The Reader et je ne m'en suis toujours pas remise (du coup Kate Winslet est remontée dans mon estime, je suis sûre qu'elle en est plus qu'honorée), j'ai envoyé des bouquins au hasard, j'ai rencontré Léa qui s'en allait pour l'Allemagne, mes keupines ont eu vingt ans, mon frère s'est fiancé, je me suis lassée de Strasbourg,...
Et j'aurais aimé surprendre plus les gens que j'aime, prendre de jolies photos, que mon grand père puisse encore marcher, aller à Rennes, dire je t'aime, partir quelques jours en Espagne, que le moment où on se tournait autour ne se soit jamais arrêté, ne pas voir mes amis grandir si vite et devenir si sérieux et tellement rangés, revoir Rémi, partir faire une randonnée dans les Alpes, rencontrer Sophie la guerrière, lire Belle du seigneur, avoir une mémoire du tonnerre pour me souvenir de chaque instant de ce putain d'été à deux cent à l'heure et de cette année de folie.
Dimanche 3 janvier 2010 à 23:15
Il y a quelques mois, quand Camille est venue à Strasbourg, elle m'a offert Extrêmement fort et incroyablement près. C'est qu'elle a le don pour trouver les livres qu'il faut, la demoiselle. Faute de temps (et du fichu programme de lecture du premier semestre à boucler avant les exams), je n'ai commencé cette merveille que la semaine dernière.
J'ai ouvert le livre, je l'ai feuilleté en m'arrêtant sur ses pages pleines de chiffres, de phrases qui s'emmêlent et de photos qui font battre le coeur. J'ai relu les quelques mots de Camille, en passant mes doigts dessus, tout doucement, et en pensant à tout le bien que j'avais entendu à propos de ce livre. Je savourais les secondes qui précèdent le grand saut, ce plongeon vertigineux qu'est la lecture.
"Pourquoi pas une bouilloire?"
De nombreuses heures plus tard, je fermais le livre, complètement chambouleversée. Depuis combien de temps un livre ne m'avait pas tenue éveillée des nuits entières, ne m'avait pas noué l'estomac ainsi ? Je me souviens d'une nuit où, après plusieurs heures, j'arrivais enfin à fermer le livre, à y glisser le marque-page envoyé par Margot (ce livre méritait évidemment le plus beau des marque-pages). Il avait beau être cinq heures, je n'arrivais pas à trouver le sommeil. Je suis passée par toutes les émotions. J'ai tendu l'oreille pour chercher à attraper les ronflements de mon père, dans la pièce du dessous, et le souffle régulier de mon frère, juste à côté. J'ai versé quelques larmes sur mon oreiller que je serrais plus fort que jamais. J'ai résisté comme j'ai pu à l'envie d'envoyer des milliards de messages, à Marie, à Camille, à Delphine et à tous les autres, pour leur avouer combien je les aime. Et je me suis levée, tout doucement, sur la pointe des pieds pour ne pas faire grincer le parquet. J'ai ouvert ma fenêtre en géant et sur le rebord, j'ai posé un carnet à spirales que j'ai couvert de mots en vrac. J'avais tellement besoin de me sentir vivre. J'écrivais dans tous les sens, les phrases qui me traversaient l'esprit et surtout les mots d'Oskar. J'avais corné des centaines de bas de page, là où les mots m'avaient touchée encore plus fort. Et je me suis recouchée, en souriant. J'y ai repensé dans le train qui m'emmenait à Lille, au moment où, la tête en l'air, j'ai aperçu un avion imprimer son chemin moutonneux sur le ciel étonnement bleu. Je n'étais pas assise dans le sens de la marche, le paysage défilait à l'envers. Paris s'éloignait, je pensais à Oskar et aux dernières images de cet homme qui monte à travers les airs.
"Il m'aurait raconté l'histoire du sixième district, depuis la voix dans une boîte à la fin jusqu'au commencement, depuis "Je t'aime" jusqu'à "Il était une fois..."
On n'aurait rien eu à craindre."
Difficile de se lancer dans un résumé de cette enquête qui mène Oskar et ses mots d'enfant dà travers les quartiers de New-York, de ces vies qui se croisent, de ces histoires qui se mêlent, de ces cahiers remplis de mots cachés dans l'horloge, de cette grand mère si touchante et de cette famille qui vit tellement fort. Un livre extrêmement bouleversant et incroyablement vertigineux, en somme. Allez faire un petit tour chez ces demoiselle (Camille et Pelote), qui ont donné de la voix à cette histoire.
Mercredi 2 décembre 2009 à 23:49
Il gèle dans ma piaule affreusement poussièreuse ("mais c'est pas grave, je ferai le ménage dimanche", dit-elle depuis deux mois). En pleine journée le radiateur est brûlant, et le soir, il est gelé. Allez comprendre. Du coup je passe mon temps sous deux tonnes de couvertures, mes chaussettes en laine montées jusqu'à sous les bras et mes mitaines que je ne quitte plus. La fac m'ennuie au plus haut point, j'en ai ma claque de ces profs qui nous prennent pour des brelles, alors que bon, si on est en troisième année, c'est qu'on est un minimum motivés et animés par l'envie d'apprendre. Et puis en fait non. Partisans du moindre effort, la plupart des étudiants sont à deux doigts de se mettre en grève quand un prof annonce que l'examen final sera une dissertation. "QUOI ? Mais naaan, c'est trop dur les dissertations ! En plus c'est en quatre heureeees ? Mais naaaan, pas possible quoi!" Nan mais c'est chouette, si même les étudiants de lettres modernes refusent de faire DEUX PAUVRES dissertations par semestre, où va le monde quoi ? Et puis les profs, qui passent dix heures à nous résumer (ligne par ligne) une oeuvre que nous sommes censés avoir lue. Et hop, on saute à pieds joints dans notre image de glandeurs. La prépa me maaaanque. Lalala. L'an dernier, je ne savais pas trop où cette licence me mènerait, mais j'aimais ce qu'on m'y apprenait. Et puis la question qui revient vingt-six fois par jour : "tu fais quoi l'an prochain ?" La blague quoi. Je pensais que mon stage à la médiathèque allait me motiver à trouver une formation dans les métiers du livre, mais que nenni. Bac+5 pour passer le plus clair de son temps à biper des livres et les remettre à leur place, non merci ! Tout ce que je sais à propos de l'an prochain, c'est que je ne veux plus être ici. StrasbourgMonAmour, j'en ai fait le tour. J'ai besoin d'Ailleurs. Un Ailleurs sans une chambre au cinquième, avec la porte qui ne ferme pas et les dragons de l'accueil qui empêchent les visites après vingt-et-une heure. Sans ses milliers de touristes qui, en manque de niaiserie, se ruent sur les marchés de Noël et monopolisent le centre-ville qui clignote bêtement rose et bleu. Et puis je pense à la Clara d'il y a trois ans. Elle doit bien rire, en voyant ce que je suis devenue. Où sont-ils, tous tes beaux projets ? Tu vois, je te l'avais dit, à force de les mettre entre parenthèses, tu les as effacés. C'est plus simple comme ça après tout, plus simple de rentrer dans le rang. La facilité, toujours. C'est quand que tu te prends en main ? C'est quand que t'arrêtes un peu de te voiler la face ?