Je broie du noir puissance mille bonsoir.
Il gèle dans ma piaule affreusement poussièreuse ("mais c'est pas grave, je ferai le ménage dimanche", dit-elle depuis deux mois). En pleine journée le radiateur est brûlant, et le soir, il est gelé. Allez comprendre. Du coup je passe mon temps sous deux tonnes de couvertures, mes chaussettes en laine montées jusqu'à sous les bras et mes mitaines que je ne quitte plus. La fac m'ennuie au plus haut point, j'en ai ma claque de ces profs qui nous prennent pour des brelles, alors que bon, si on est en troisième année, c'est qu'on est un minimum motivés et animés par l'envie d'apprendre. Et puis en fait non. Partisans du moindre effort, la plupart des étudiants sont à deux doigts de se mettre en grève quand un prof annonce que l'examen final sera une dissertation. "QUOI ? Mais naaan, c'est trop dur les dissertations ! En plus c'est en quatre heureeees ? Mais naaaan, pas possible quoi!" Nan mais c'est chouette, si même les étudiants de lettres modernes refusent de faire DEUX PAUVRES dissertations par semestre, où va le monde quoi ? Et puis les profs, qui passent dix heures à nous résumer (ligne par ligne) une oeuvre que nous sommes censés avoir lue. Et hop, on saute à pieds joints dans notre image de glandeurs. La prépa me maaaanque. Lalala. L'an dernier, je ne savais pas trop où cette licence me mènerait, mais j'aimais ce qu'on m'y apprenait. Et puis la question qui revient vingt-six fois par jour : "tu fais quoi l'an prochain ?" La blague quoi. Je pensais que mon stage à la médiathèque allait me motiver à trouver une formation dans les métiers du livre, mais que nenni. Bac+5 pour passer le plus clair de son temps à biper des livres et les remettre à leur place, non merci ! Tout ce que je sais à propos de l'an prochain, c'est que je ne veux plus être ici. StrasbourgMonAmour, j'en ai fait le tour. J'ai besoin d'Ailleurs. Un Ailleurs sans une chambre au cinquième, avec la porte qui ne ferme pas et les dragons de l'accueil qui empêchent les visites après vingt-et-une heure. Sans ses milliers de touristes qui, en manque de niaiserie, se ruent sur les marchés de Noël et monopolisent le centre-ville qui clignote bêtement rose et bleu. Et puis je pense à la Clara d'il y a trois ans. Elle doit bien rire, en voyant ce que je suis devenue. Où sont-ils, tous tes beaux projets ? Tu vois, je te l'avais dit, à force de les mettre entre parenthèses, tu les as effacés. C'est plus simple comme ça après tout, plus simple de rentrer dans le rang. La facilité, toujours. C'est quand que tu te prends en main ? C'est quand que t'arrêtes un peu de te voiler la face ?
Il gèle dans ma piaule affreusement poussièreuse ("mais c'est pas grave, je ferai le ménage dimanche", dit-elle depuis deux mois). En pleine journée le radiateur est brûlant, et le soir, il est gelé. Allez comprendre. Du coup je passe mon temps sous deux tonnes de couvertures, mes chaussettes en laine montées jusqu'à sous les bras et mes mitaines que je ne quitte plus. La fac m'ennuie au plus haut point, j'en ai ma claque de ces profs qui nous prennent pour des brelles, alors que bon, si on est en troisième année, c'est qu'on est un minimum motivés et animés par l'envie d'apprendre. Et puis en fait non. Partisans du moindre effort, la plupart des étudiants sont à deux doigts de se mettre en grève quand un prof annonce que l'examen final sera une dissertation. "QUOI ? Mais naaan, c'est trop dur les dissertations ! En plus c'est en quatre heureeees ? Mais naaaan, pas possible quoi!" Nan mais c'est chouette, si même les étudiants de lettres modernes refusent de faire DEUX PAUVRES dissertations par semestre, où va le monde quoi ? Et puis les profs, qui passent dix heures à nous résumer (ligne par ligne) une oeuvre que nous sommes censés avoir lue. Et hop, on saute à pieds joints dans notre image de glandeurs. La prépa me maaaanque. Lalala. L'an dernier, je ne savais pas trop où cette licence me mènerait, mais j'aimais ce qu'on m'y apprenait. Et puis la question qui revient vingt-six fois par jour : "tu fais quoi l'an prochain ?" La blague quoi. Je pensais que mon stage à la médiathèque allait me motiver à trouver une formation dans les métiers du livre, mais que nenni. Bac+5 pour passer le plus clair de son temps à biper des livres et les remettre à leur place, non merci ! Tout ce que je sais à propos de l'an prochain, c'est que je ne veux plus être ici. StrasbourgMonAmour, j'en ai fait le tour. J'ai besoin d'Ailleurs. Un Ailleurs sans une chambre au cinquième, avec la porte qui ne ferme pas et les dragons de l'accueil qui empêchent les visites après vingt-et-une heure. Sans ses milliers de touristes qui, en manque de niaiserie, se ruent sur les marchés de Noël et monopolisent le centre-ville qui clignote bêtement rose et bleu. Et puis je pense à la Clara d'il y a trois ans. Elle doit bien rire, en voyant ce que je suis devenue. Où sont-ils, tous tes beaux projets ? Tu vois, je te l'avais dit, à force de les mettre entre parenthèses, tu les as effacés. C'est plus simple comme ça après tout, plus simple de rentrer dans le rang. La facilité, toujours. C'est quand que tu te prends en main ? C'est quand que t'arrêtes un peu de te voiler la face ?