Merci pour le joli scoubidou, je l'ai accroché à ma trousse pour le voir tous les jours, pour que tous les jours je me souvienne de toi, toi la minuscule aux yeux immenses et aux dents bleues.
J'ai besoin de me souvenir de toi, parce que je suis certaine qu'il y a des jours où j'aurais besoin de me rappeler pourquoi je fais ça. Alors, ces jours là, je regarderai ma trousse, et je me souviendrai de notre rencontre. Je me souviendrai de la laverie de Fives (j'ai toujours détesté les laveries, je m'y étais toujours ennuyée jusqu'à aujourd'hui), je me souviendrai de tes yeux cherchant les miens et de ta fierté à peine dissimulée quand tu m'as annoncé : "je parle français, j'ai appris à l'école." Je me souviendrai de toi, la fille qui vit dans la rue et qui dort dans une caravane. Toi, Augustina, avec qui j'ai appris en une petite heure, beaucoup plus qu'en des années d'études. Parce que c'est assise à côté de toi que j'ai compris.
Je veux devenir professeur des écoles parce que je déteste ce monde. Ce monde où des enfants sont obligés de passer leur journée à tendre la main aux voitures arrêtées aux feux rouges. Ce monde où des enfants vivent à sept dans une caravane. Je déteste ce monde où tu te crois condamnée à mendier, où tu n'imagines même pas d'autres issues possibles.
Tu sais, Augustina, je crois qu'on peut avoir vingt-deux ans, pas d'enfants, mais des rêves un peu fous. Moi, par exemple, je rêve de changer tout ça. Avant tout, je rêve de toi mangeant à ta faim. Mais je rêve aussi de toi allant à l'école tous les jours. Je rêve de toi sachant lire, écrire et compter. Je rêve de toi accompagnée par quelqu'un pour répondre à tes questions et satisfaire ta curiosité d'enfant. Je rêve de toi ayant une chance de t'en sortir, au moins aussi bien que les enfants dont la famille paie quelqu'un pour jouer avec eux le mercredi après-midi (ça t'a bien fait rire, ça).
Pour toi Augustina, j'aimerai que mon t-shirt Superman me colle à la peau, j'aimerai devenir une superhéroïne, une vraie de vrai. Une avec plein de supers-pouvoirs, une qui t'apprendrait tout ce que tu as envie de savoir. Mais les superhéroïnes, ça n'existe pas. On ne te la fait pas. Du haut de tes dix ans (presque onze), tu ne te fais plus avoir par ce genre de bêtises. Alors peut-être que pour toi, Augustina, je pourrais devenir maîtresse. Je pourrais devenir une super maîtresse qui cultiverait le rêve un peu fou que l'Ecole est là pour donner une chance à chacun, même à ceux qui n'ont que les laveries où s'abriter, les mercredis de pluie.
Avec toute la tendresse et l'espoir que je suis capable de donner, et un peu plus encore,
Clara
choops
Venez, je vous emmène {Mdp invité : Parapluie}
Mercredi 20 juin 2012 à 23:04
Chère Augustina,
Dimanche 12 juin 2011 à 14:34
Je suis une fille qu'on aime sur les quais de gare, entre deux trains, entre deux destinations, entre deux vies, entre deux. Une fille qui passe son temps à fuir, qui a peur d'être rattrapée, qui ne veut pas de ça. Ou alors juste pour une nuit, parfois. Juste le temps qu'il faut pour être rassurée, savoir qu'on plaît, savoir qu'on peut, entre deux souffles, se laisser recouvrir par la douceur, par l'humanité.
Certains jours, certaines nuits, j'aime me blottir dans des bras, serrer fort une main amie ou inconnue, avoir un aperçu de l'immensité de l'amour, dont ils parlent tous. Et puis au matin, j'enfile doucement mes vêtements trop grands, rassemble mes idées, attrape un souvenir au vol et disparais.
Certains jours, certaines nuits, j'aime me blottir dans des bras, serrer fort une main amie ou inconnue, avoir un aperçu de l'immensité de l'amour, dont ils parlent tous. Et puis au matin, j'enfile doucement mes vêtements trop grands, rassemble mes idées, attrape un souvenir au vol et disparais.
Mardi 22 février 2011 à 22:20
Lectures 2011
A
Barjavel - Ravage
Cortès - Un chemin de promesses
Cohen - Le livre de ma mère
Delerm - Ma grand-mère avait les memes (les dessous affriolants des petites phrases)
E
Foenkinos - La délicatesse
Gripari - Les contes de la rue Broca
H
I
Jardin - Les Coloriés
Jardin - La révolte des Coloriés
K
Laclos - Les liaisons dangereuses
M
N
Orsenna - Longtemps
P
Q
Ruiz Zafon - L'ombre du vent
Shaffers & Barrows - Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates
T
U
Van Cowelaert - L'éducation d'une Fée
Vargas Llosa - Los cachorros
Wilde - The picture of Dorian Gray
X
Y
Z
Des suggestions ?
Dimanche 9 janvier 2011 à 21:34
Sur mon canapé immense, recroquevillée.
Pourquoi le ciel allemand est-il toujours si gris, si lourd ? Le plus difficile, ce n'est pas le départ, le quai et les visages qui s'éloignent, la flèche de la cathédrale qui devient toute petite, les trains chanceux qui roulent à toute allure vers Strasbourg alors que je m'en éloigne, la traversée du Rhin. Le plus difficile, c'est l'arrivée. La gare minuscule, les maisons trop grandes, les gens trop biens qui me regardent m'effondrer sur un banc avec mes mille sacs et mes couleurs qui déteignent. Le plus difficile, c'est sortir du train en n'ayant aucun regard à chercher, à croiser, auquel s'accrocher. Et se remettre à marcher, sous le ciel interminablement gris.
Pourquoi le ciel allemand est-il toujours si gris, si lourd ? Le plus difficile, ce n'est pas le départ, le quai et les visages qui s'éloignent, la flèche de la cathédrale qui devient toute petite, les trains chanceux qui roulent à toute allure vers Strasbourg alors que je m'en éloigne, la traversée du Rhin. Le plus difficile, c'est l'arrivée. La gare minuscule, les maisons trop grandes, les gens trop biens qui me regardent m'effondrer sur un banc avec mes mille sacs et mes couleurs qui déteignent. Le plus difficile, c'est sortir du train en n'ayant aucun regard à chercher, à croiser, auquel s'accrocher. Et se remettre à marcher, sous le ciel interminablement gris.
Samedi 9 octobre 2010 à 14:58
On ne va nulle part.
Ca ne mène à rien.
Tu ne comprends rien.
Ne me dis pas que je fuis.
Tes promesses n'ont jamais été que du vent.
Tu n'as pas changé
et je t'emmerde.